Berchta
Après le couloir de l'Avent, le vieux Noël ouvre le cycle des douze jours ou des douze nuits, suivant ses origines celtiques ou germaniques. Depuis le 1er novembre l'air du temps n'est plus tout à fait le même. Les frontières entre le monde des vivants et des morts, entre le monde des hommes et des Fées se sont effacées dès l'arrivée des " Etres de Passage ". (cf. Halloween)
De l'Avent à la Sainte-Mélanie, au cœur de l'Epiphanie les cieux sont visités de nombreuses cohortes aériennes.
Devançant de plusieurs millénaires le traîneau de Santa-Claus, Wodan-Odin, dieu des tempêtes et des morts monté sur son cheval blanc, conduit la Joreleî (horde du temps de Jules, l'armée furieuse ou chasse sauvage)
encadrée par la blonde cavalcade des Valkyries, et majestueusement escortée par la déesse Berchta, la Wilda Bertha, Perchta ou Eisenberta.
Par-dessus les campagnes et les villes d'Allemagne, de Bavière, du Tyrol, de Suisse orientale, survolant les petites maisons à colombages, pignons et tourelles, qui, des nuages, ressemblent à ces jouets que les enfants attendent, Berchta mène derrière elle sa suite féerique. Accrochée à son manteau de brouillard, de neige et de vent se presse la foule des " laissés-pour-compte" qu'elle rassemble et réconforte. Une nichée de bébés mort-nés gazouille dans sa capuche, des enfants trépassés non baptisés, des morts mal enterrés, oubliés, des âmes d'assassinés, de pauvres âmes suicidées par trop d'amour voisinent des ombres de Lutins perdus, de Fées défuntes, d'Elfes délaissés, de fantômes fanés, tout heureux de se retrouver ensemble à courir la campagne avec leur bienfaitrice, à visiter les maisons décorées pour Noël, à déposer des cadeaux, punir les méchants, récompenser les méritants et recueillir d'autres âmes en peine abandonnées sur les chemins.
Elle descend au carrefour de quatre routes où pleure une âme gelée, l'emporte parmi les siens qui, empressés de l'entourer, lui rendent par des caresses et baisers vie et lumière. Et c'est une nouvelle luciole qui va et vient joyeusement entre les formes iridescentes et gracieuses, et mêle son chant aux jappements joueurs d'une bande de chiens minuscules et ailés.
On raconte que, non loin de Kufstein, la compagnie céleste avait atterri dans un champ et s'amusait dans la neige en attendant la Mère Berchta occupée à examiner les travaux ménagers d'une fermière paresseuse. Le plus petit d'entre eux, échappant à la surveillance de ses aînés, s'était alors égaré dans les bois en essayant d'attraper des flocons sur le bout de la langue. Sa chemise trop longue pour lui entravait ses jambes et il trébuchait à chaque pas. Un pauvre bûcheron passant par là le ramassa, le moucha, le débarrassa du givre collé à ses cheveux puis, ému de le voir si mal attifé, lui remonta la chemise en la serrant à la taille avec sa propre ceinture, avant de le remettre dans la bonne direction. Berchta, qui l'observait à travers un buisson, s'avança alors vers lui en souriant: " Tu es un brave homme, dit-elle, que tes enfants soient bénis, ils ne manqueront jamais de rien. "
En effet, sur le chemin du retour, le bonhomme trouva une bourse d'or qu'il su faire fructifier et toute sa famille vécut heureuse, n'oubliant jamais au moment de l'Epiphanie de rendre hommage à la bonne Berchta.
Mais elle peut aussi être terrible. On raconte également que, rendue furieuse par les agissements d'un huissier ayant fait expulser la nombreuse et misérable famille d'un sabotier en plein hiver, elle se saisit de lui et le jeta aux griffes vengeresses de la horde. Ses restes arrachés furent, dit-on, déposés à la Noël dans tous les souliers des huissiers de la ville en guise d'avertissement.
C'est pour ces raisons que toutes et tous attendent avec effroi, joie et vénération la venue de Berchta la Sauvage.
Source:
http://myrdhin.com/fetes/decembre/berchta/